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Témoignages

TLS au cœur du projet d’établissement du collège Mont-Sauvy à Orgon

Par l’enseignant Olivier Guennoun
Interview réalisée en 2023 par Séraphin Degrotte-Ferreira, dans le cadre d’un stage de master « Écriture critique et cinéma », Aix-Marseille Université (2023).

Après plusieurs années de participation, le collège Mont-Sauvy à Orgon dans les Bouches-du-Rhône est devenu totalement accro à Toute la lumière sur les SEGPA. Le dispositif occupe une place importante dans le parcours d’éducation artistique et culturelle mis en place dans le cadre du projet d’établissement. Olivier Guennoun, professeur des écoles spécialisé, raconte sa façon de conduire le projet, de l’adapter aux difficultés des élèves et nous parle aussi de l’expérimentation en cours qui associe des élèves de SEGPA à des élèves de l’enseignement général.

Un travail de création protéiforme au collège Robert Morel à Arles

Par les enseignants Caroline Maccari et Mohamed Kheniche, et l’intervenante artistique Axelle Schatz
Interview réalisée en 2023 par Séraphin Degrotte-Ferreira, dans le cadre d’un stage de master « Écriture critique et cinéma », Aix-Marseille Université (2023).

Les enseignants du collège Robert Morel à Arles dans les Bouches-du-Rhône ont plusieurs éditions de Toute la lumière sur les SEGPA à leur actif. Ils partagent leur expérience de ce dispositif et les différentes formes d’expression et de création travaillées avec les élèves.

« En tant qu’intervenant je ne peux que louer les bienfaits de cette action artistique »

Témoignage du réalisateur Karim Bensalah, suite à son intervention au collège Ponthieu à Abbeville dans la Somme en 2022-2023

« Quand je suis arrivé dans la classe pour la première séance de travail en vue de la préparation de leur film, je me suis retrouvé face à trois groupes : les enthousiastes, les dubitatif.ve.s et les réfractaires. Mais ce qui les liait était le manque de confiance et un sentiment partagé de manque de légitimité. J’ai eu la joie de voir tout ça bouger. Et dans un sens extrêmement encourageant et positif.
Il m’était important de partir de leurs désirs et de leurs expériences personnelles du monde, afin qu’ils donnent à voir ce qui y a de plus authentique chez eux. Aussi, la construction du scénario a ouvert de nombreuses discussions personnelles et générales très riches. Peu à peu, c’est toute la classe qui s’est investie pleinement dans la création du film. Et la confiance les a gagnés. Je me souviens particulièrement du moment où la prestation d’une élève a été applaudie par tout le collège alors qu’on filmait dans la cour aux yeux de tou.te.s. A partir de là, le regard qu’elle portait sur elle-même a changé. De même, la prestation tout en sensibilité d’un autre élève a transformé le regard que portait le corps enseignant et les autres élèves sur lui.
Les rapports entre élèves aussi se sont dé-figés, créant ainsi de nouveaux liens entre eux. Enfin, la classe entière s’est sentie fière du résultat et ne se positionnait plus comme illégitime par rapport au projet. L’échec ne paraissait plus une fatalité et ils n’étaient plus forcément en position d’infériorité par rapport à un.e élève d’une autre classe.
En tant qu’intervenant je ne peux que louer les bienfaits de cette action artistique. »

« S’il y avait un mot pour qualifier cette expérience, ça serait « transcender », se dépasser ! »

Témoignage de l’enseignant Nicolas Deweer du collège Ponthieu à Abbeville, année 2022-2023

« Cet atelier, c’était la découverte de l’envers du décor. Au départ, réaliser un film semblait simple aux jeunes. Ils se disaient que faire un film est à la portée de tout le monde, à leur portée, comme ils le font souvent avec leur téléphone portable. Cet atelier a changé leur regard là-dessus. Ils ont réalisé les exigences et tout le travail nécessaires pour faire un court métrage. Le nombre de fois où ils ont dû recommencer les scènes parce que ça ne fonctionnait pas, parce qu’ils riaient, étaient gênés, rataient, oubliaient leur texte, parce qu’il y avait un problème de son, d’image, etc… leur a permis de comprendre que le cinéma, c’est de la rigueur. Lorsqu’ils sont parvenus au bout, ils en ont tiré une grande fierté.

La rencontre avec Karim, les échanges avec lui, la découverte de son univers, ont été extraordinaires pour eux. C’est exceptionnel de rencontrer un professionnel du monde du cinéma et de partager une aventure avec lui. Les élèves ont conscience que c’est quelque chose qu’ils ne vivront sans doute qu’une fois dans leur vie.
D’un point de vue humain, travailler avec Karim, c’était la réussite du projet : un vrai professionnel du cinéma et avec une grande générosité. Il a beaucoup échangé avec les élèves, a partagé avec beaucoup de générosité son parcours, ses idées, tout en étant à leur écoute, les sensibilisant aux techniques de fabrication et aux techniques de jeu. Ils ont découvert et appris beaucoup de choses, telle que « comment exprimer des émotions qu’on ne ressent pas sur le moment ». Ce projet a été pour eux une façon de se projeter ailleurs, de quitter leur quotidien, s’investir sans se forcer. Quand on s’investit sans se sentir contraint, c’est là qu’on apprend tout ! On a plaisir à apprendre tellement de choses. C’était inédit pour les jeunes, et aussi pour moi. S’il y avait un mot pour qualifier cette expérience, ça serait « transcender », se dépasser !
Ca a aussi changé le positionnement de certains élèves de la classe, notamment la jeune fille qui jour le personnage féminin principal qui est une toute autre personne depuis ce projet, en classe et également chez elle. Elle a gagné en confiance.

Aujourd’hui encore, quasiment 2 mois après la fin de l’atelier, il est possible de réinvestir en classe ce qui a été travaillé : on reprend le texte, le scénario que les élèves ont imaginé et rédigé, on retravaille les dictées, les structures… ça les porte !

Je mène de nombreux projets artistiques chaque année avec mes élèves qui sont tous très intéressants, mais je dois avouer que le cinéma, c’est à part ! Ça développe et fait ressortir des choses singulières chez les élèves. Réussir à sortir un court métrage, c’est tellement différent pour eux qu’ils développent des compétences différentes qu’à l’ordinaire. Ce projet, c’est : « se transcender dans un projet singulier ». »

Immersion dans les ateliers et témoignages de participants, visionnez le documentaire La face cachée des SEGPA

La face cachée des SEGPA Film documentaire de Jean-Michel Perez Albano (2014, 25 min) Ce court métrage documentaire a été réalisé durant l’année scolaire 2013-2014 et suit les interventions artistiques dans quatre collèges participant au projet Toute la lumière sur les SEGPA. L’objet de ce film La Face cachée des SEGPA, c’est :
  • Garder la trace d’un processus de rencontre parfois difficile à appréhender
  • Comprendre la réalité d’une intervention en SEGPA
  • Saisir les difficultés surmontées
  • Découvrir une image de la diversité que l’on ne perçoit que difficilement devant le film fini
  • Comprendre les enjeux d’une démarche artistique